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Apprendre sans peur

Résumé « Apprendre sans peur » chronique sociale, 1999Antoine de La Garanderie



La peur fait partie de notre quotidien. L’apprentissage doit-il passer par la peur au détriment de l’acquisition de la liberté d’être, qui passerait par la conscience de sa propre mort ? Ce n’est pas en passant par la peur que l’homme peut apprendre sereinement, peut trouver le chemin de sa liberté.

Antoine de La Garanderie veut promouvoir les pédagogies de la liberté. Il aborde, dans un premier temps, la peur dans l’éducation, puis l’éducation de la liberté à travers le modèle de Carl Rogers, et enfin le rôle de la croyance de Dieu. Entre temps il nous fait part de pensées philosophiques écrites au fil du temps.


La peur nous donne une raison de fuir nos engagements, notre liberté, notre responsabilité. Elle engendre parfois des réactions comme l’évanouissement.

Selon A. de La Garanderie le rôle dissuasif des sanctions est un simple conditionnement. Il ne leur reconnaît aucun sens éducatif ni pédagogique.

La peur et les réactions associées sont souvent mises en place pour échapper à l’échec et pas pour aller vers la réussite, la liberté.

Le bien et le mal sont régis par les lois de la société. L’éducation par la peur a pour objectif d’obtenir des réactions d’obéissance, de soumission à l’ordre établi. Antoine de La Garanderie a voulu mettre en avant l’accès à la liberté au travers des actes éducatifs.

Nourrir la volonté de réussite à travers la compétition ou la volonté de dépassement de soi ne laisse pas de place à la peur. On se baserait sur ce qui fait sens pour aller vers la réussite.

La liberté est vécue comme le pouvoir d’être. Exister c’est accepter de mourir. Accepter d’être libre est alors proche de l’idée de sa propre mort.

L’acceptation de l’angoisse est le seul vrai moyen de ne pas être esclave de ses peurs.

Il est alors important de vivre la peur et l’angoisse mais pas au travers des menaces et sanctions des éducateurs, mais bien par la conscience de soi, de sa propre liberté et donc la conscience de sa mort.


Le passage de la peur à l’angoisse passe par la frayeur. Effrayer c’est «sortir de la paix, de la tranquillité» en prenant les armes. Dans le contexte de la conscience cela correspondrait à s’armer de sa liberté pour prendre en main l’événement et refuser d’en être la victime.

En psychanalyse freudienne, il y a une recherche de liberté à travers la compréhension du passé. L’objectif est alors de contacter ses peurs pour s’en libérer. Rogers amène son patient à prendre conscience de ses projets. Il ré-exprime ce que dit le patient en accentuant les modulations. Cela contribue à rassurer le patient et l’invite à aller vers une recherche de sens.

Le but de Rogers est de saisir le sens du propos du patient. Contrairement aux thérapeutes qui donnent un sens à ce que dit le patient, passif, qui subit la supériorité liée à la compétence d’analyse du thérapeute. Cela se retrouve dans toutes les situations dans lesquelles il y a une fonction de supériorité.

À travers l’approche pédagogique, la liberté se retrouve dans la considération de la parole de l’élève. La liberté pédagogique est le sens personnel que l’on peut tirer d’un renseignement. L’enseignant doit permettre à l’élève de trouver son sens personnel.

Le comte de la chèvre de M. Seguin fait un parallèle avec les éducateurs qui, en voulant protéger, ne donnent pas accès à la liberté. L’éducation ne peut être ni totalement permissive, ni un conditionnement. Éduquer à la liberté est le souci de découvrir les ressources que le monde peut offrir à un être et de saisir celles qui peuvent le mieux correspondre à ses structures naturelles.


Antoine de La Garanderie a grandi avec des symboles du christianisme autour de lui. Le temps était rythmé par les fêtes, rites religieux.

À la vue de la souffrance terrestre, il s’est posé la question : Comment la toute puissance d’un Dieu, qui est tout amour, pouvait échouer ?

D’après Freud et Spinoza, nos choix sont faits par des motivations non maîtrisées et non conscientes. Comment peut-on alors condamner un acte ? Cela n’a pas entamé la foi d’Antoine de La Garranderie en un Dieu d’amour et de pardon. Mais cela a entamé sa foi en la justice de Dieu de laquelle résultait de la souffrance.

Il a cheminé avec cela et a posé une analogie des liens entre Dieu et les hommes et ceux entre l’enseignant et l’élève.

La pédagogie serait les moyens mis en œuvre pour aboutir à une finalité éducative. Il s’est alors appuyé sur le rôle pédagogique de Dieu. Le maître est au service des progrès de son disciple.

Dieu a créé l’homme en être libre et responsable en lui donnant un monde à humaniser dans lequel il découvrira le sens, de même que le pédagogue avec son élève. La finalité de ce rapport est d’interagir d’égal à égal.

Les propositions pédagogiques de l’homme doivent susciter des questions chez son élève, contrairement au monde qui procure de lui-même un questionnement permanent chez l’homme.

L’homme pédagogique peut assister l’élève contrairement à Dieu qui est en retrait.

C’est dans le développement de ses activités que l’homme doit espérer trouver Dieu. L’amour et la justice entre les hommes, s’ils étaient installés, les porteraient jusqu’à l’éternité et les rapprocheraient de Dieu.

L’homme ne doit pas attendre une intervention gratuite de Dieu mais poursuivre la croissance de sa liberté tel que Dieu, en bon pédagogue, l’a souhaité.


 

Ce livre précise la notion de sens dont l’élève se saisit pour accéder à sa liberté. L’éducateur, l’enseignant, est un simple guide qui peut se permettre de se retirer une fois la prise de conscience de l’élève. Les expériences de vie sont des expériences d’apprentissage qui, lorsque cela fait sens, nous permettent d’avancer, d’être nous et d’être libre. La peur régit la conduite de l’Homme. Elle est souvent entretenue par des comportements inconscients. Changer les conduites éducatives en permettant à l’élève de donner du sens doit le conduire vers la liberté d’être et d’agir. Françoise Dolto voulait, de la même façon, mettre l’enfant au coeur des apprentissages et se battait contre le principe de sanctions qu’elle pensait contre-productives au niveau éducatif. Les courants éducatifs, Steiner, Montessori remettent au centre l’élève pour lui permettre d’être lui-même, de s’épanouir selon ses propres appétences.

 

Sonia Vidal

Pensées philosophiques: «Le pédagogue efficient n’enseigne pas. Il renseigne» «L’enseignant s’interrogera afin de se rendre compte s’il met bien à la disposition de l’élève le savoir et les moyens pour y accéder» «Il faut se faire disciple du pionnier de la connaissance et rejeter le funambule du savoir» «Beaucoup d’intellectuels veulent mettre leur intelligence au service de l’homme au lieu de se mettre au service de l’intelligence de l’homme» «La vraie grandeur ne rapetisse personne» «Le prix du pardon? C’est ce qu’on n’a pas oublié» «On a toujours assez de coeur pour se dispenser de haïr» «L’amour s’étouffe sitôt qu’il se fait pouvoir» «Il est des personnes qui n’échappent à leurs défauts qu’en combattant ceux des autres» «Envier les qualités d’autrui empêche d’accéder aux siennes» «Quand on n’est pas disponible pour soi, on ne peut pas l’être à l’égard d’autrui» «Il y a autant de place pour l’injustice dans l’égalité que dans l’inégalité»

Citations: «La peur est l’écran que l’homme met entre lui et sa liberté» «La peur a ses finalités dans le sens diamétralement opposé aux exigences pédagogiques et éducatives dont l’essence est de promouvoir la responsabilité libre de l’Homme » «La peur trouve sa fin dans la réussite d’une fuite» «C’est la mort qui te rappelle que toi, Homme, tu as à donner sens à ta vie, donc...à être libre» «Le choix de la liberté de celui qui se sait mortel s’humanise et rencontre autrui» «Sans conscience de sa mortalité, l’homme ne peut avoir conscience de sa liberté» «Toute conscience d’être humain est toujours en passe de pouvoir être libre, mais...elle sera en mesure d’y répondre par un acte de liberté ou par une fuite de peur» «Une pédagogie qui a décidé de partir de l’élève lui-même, de ses motivations, de ses moyens afin de l’aider à s’en bien servir» «Dieu place le salut de l’homme en l’homme» «C’est par exigence pédagogique que Dieu se situe en dehors du champ de connaissance qui est ouvert à l’homme» «Le génie pédagogique de Dieu fut d’offrir à l’homme un monde à connaître» «Dieu a donné le monde aux hommes et pour qu’il le connaisse et pour qu’il le transforme, de sorte qu’il devienne de plus en plus le leur» «On n’enseigne pas l’élève pour le mettre dans la situation de dépendance du départ»

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