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Dans l'ombre du covid (part 1)

Le 22 Mai 2020 le Figaro publiait un article dont voici l'intro : « LES CLÉS POUR COMPRENDRE : DANS l’Algérie CONFINÉE L’ARMÉE JOUE L'APPUI DE LA FRANCE Après cinquante-six semaines de marches pacifiques, le mouvement de dissidence qui a stupéfié le monde marque le pas. Le gouvernement en profite pour durcir la répression et offrir avec sa réforme de la Constitution des gages à son partenaire historique. » Tout est dit. Alors qu'une Algérie nouvelle était en passe de naître, l'arrivée du Covid et les restrictions sanitaires balaient abruptement toute forme d'expression possible émanant de la population. Les manifestations sont interdites, la liberté de presse supprimée et l'armée elle-même purgée de l'intérieur. L'histoire semble se répéter et pourtant... le peuple algérien était cette fois-ci sur le point de goûter une liberté promise depuis si longtemps et gagnée par un mouvement d'émancipation générale de la population face à un régime totalitaire vieillissant. Sans la pandémie du Covid 19, L'Algérie, pour la première fois de son histoire moderne, connaissait peut-être la démocratie. La vraie démocratie. Pas celle de la face, mais celle du cœur. Du moins l'espérait-elle et s'est-elle mobilisée une année durant, avec foi, détermination et sans violences dans ce que certains ont appelé : « la révolution du sourire ». Pour ceux qui n'auraient pas eu connaissance de l' « Hirak » (« mouvement » en Algérien), un bref retour aux sources peut être nécessaire. L'indépendance de l'Algérie en 1962 n'a pas tenu ses promesses. A peine sortie d'une guerre violente et compliquée avec la France, la population algérienne n'a pas eu le temps de célébrer sa liberté nouvelle. L'armée prend le pouvoir dès la réouverture des frontières. Elle élimine sans scrupules ses opposants et le pays se retrouve rapidement purgé de son élite civile, intellectuelle, et médicale. C'est le début d'une ère totalitaire où l'armée tient les commandes. Le pays traverse une longue période de troubles qui aboutissent à la crise économique de 1986 et la guerre civile de 1990. Coincé en répression et misère, le peuple algérien n'a le choix que de subir. Abdelaziz Bouteflika arrive au pouvoir en 1999, lors d'élections boycottées par tous les autres candidats. C'est un proche de l'armée. Ce pouvoir, il refusera de le rendre lors des élections suivantes. Jusqu'au « Hirak », c'est ce même A.Bouteflika qui tient les rênes du pays... Voilà donc où nous en sommes, en février 2019... Alors que le monde s'était habitué à voir l'Algérie soumise à la violence et à la répression, des centaines de milliers de manifestants descendent dans les rues de la capitale dès le mois de février. Ils entament à la stupéfaction générale des marches pacifiques pour protester contre le 5e mandat de ce même Abdelaziz Bouteflika. C'est une situation inédite. Comme pour les gilets jaunes, personne n'était préparé à un soulèvement spontané de la population, qui ne soit pas guidé par telle ou telle figure ou courant politique, mais uniquement porté par un appel du cœur à être libre. Les marches ont lieu chaque vendredi, les mardi pour les étudiants, et le nombre d'un million de personne est dépassé dans le rues d'Alger ! La mobilisation est telle que Bouteflika démissionne en avril. L'armée reprends alors le pouvoir pour assurer la transition, ce que rejette bien-sûr la population qui souhaite organiser des élections démocratiques. C'est le début d'une nouvelle répression. Des élections sont finalement organisées dans un climat de protestation. Le peuple n'est pas dupe. En effet, on ne laisse le choix que de voter entre des représentants de l'ancien régime... et des représentants de l'ancien régime. C'est ainsi que le président actuel, Abdelmadjid Tebboune, est élu en décembre 2019 avec un record d'abstention : 60 pour 100 des voix ! Président instable et non reconnu par son peuple, Tebboune fait ce qu'il peut pour se maintenir difficilement au pouvoir face à une mobilisation qui ne faiblit pas. C'est la pandémie du Covid 19 qui vient tout arrêter. Le gouvernement impose des mesures sanitaires qui empêchent la reprise des manifestations. Dans le même temps, il cherche à avoir la reconnaissance de l'étranger et il y parvient. Malgré les centaines d'arrestations qui ont lieu dans le pays depuis début du confinement, malgré les peines de prisons fermes prolongés pour les opposants au régime et la mise à mal de la presse internationale, le président de la République française s'est entretenu trois fois au téléphone avec le gouvernement algérien. Le gouvernement américain a été plus loin encore et D. Trump a déclaré, en juillet : « Je suis heureux de vous présenter à vous et au peuple mes meilleurs vœux. L’amitié et le partenariat entre les Etats-Unis et l’Algérie ne font que s’intensifier d’année en année avec vous en tant que président de la République ». Le message est clair, les Etats-Unis reconnaissent le nouveau gouvernement ; Tebboune, malgré son maintien au pouvoir par la violence a désormais l'appui officiel du président américain. Sur le terrain, on ne perd pas de temps. Du côté de la France, on planifie des opérations militaires au Mali avec l'armée algérienne pour lutter contre le terrorisme. Même recette entre français, américains et algériens en Libye. Pour la première fois de son histoire, l'Algérie reconnaît officiellement mener des opérations militaires hors de son territoire. La machine est lancée. Le peuple pendant ce temps, peut être arrêté pour une simple publication contestataire sur facebook. Alors que je rédige cet article, vendredi dernier, le 21 août, des centaines de manifestants sont interpellées par les forces de l'ordre algérienne pour une tentative de reprise du Hirak. Des années 90 à 2000, la guerre civile, en Algérie a fait selon les sources entre 100 000 et 200 000 morts et disparus. A ce jour, moins de 1500 décès du Covid 19 sont recensés dans le pays.​

 

G.B


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