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Terre des hommes d'Antoine de St-Exupéry

"Etre un homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde..." "Nous goûtions cette même ferveur légère qu'au cœur d'une fête bien préparée. Et cependant, nous étions infiniment pauvres. Du vent, du sable, des étoiles. Un style dur pour trappistes. Mais sur cette nappe mal éclairée, six ou sept hommes qui ne possédaient plus rien au monde, sinon leurs souvenirs, se partageaient d'invisibles richesses. Nous nous étions enfin rencontrés. On chemine longtemps côte à côté, enfermé dans son propre silence, ou bien l'on échange des mots qui ne transportent rien. Mais voici l'heure du danger. Alors on s'épaule l'un à l'autre. On découvre que l'on appartient à la même communauté. On s'élargit par la découverte d'autres consciences. On se regarde avec un grand sourire. On est semblable à ce prisonnier délivré qui s'émerveille de l'immensité de la mer..." Ce livre a été publié en 1939. Il n'a pas empêché la guerre ; mais il a nourri de son humanité la conscience d'être humain. Récit, spiritualité, poésie, aventure, amour, espoir. Simplicité. Une humble bougie allumée quelque part dans le Tout Humain ; une flamme légère, mais éternelle... Saint-Exupéry a été de ceux qui furent les derniers explorateurs de cette planète. L'univers de ces pilotes ; Mermoz, Saint-Ex, Guillaumet, Reine etc... a été dans le ciel le même que autour des mers du globe celui des marins des siècles passés : dernières terres inconnues, lutte avec les éléments, zones de dissidences, cartes et trésors, sacrifices. Un monde où l'homme se découvre encore face à la nature. Bien-sûr il eut par la suite Cousteau et le fond des mers, mais c'était déjà dans le nouveau monde, celui que l'on connaît, aseptisé, "pacifié", unifié par l'ordre mondial et les finances. Cousteau partait à l’aventure, Saint-Exupérit pilotait juste un avion et l'aventure découlait naturellement de cette action simple. Ce témoignage est précieux. Il révèle le joyau qui brille dans l'essence de chaque être humain de cette planète, hommes...et femmes. "Cap Juby, Cisneros, Puerto-Cansado, la Saguet-El-Hamra, Dora, Smarra, il n'est plus de mystère. Les horizons vers lesquels nous avons couru se sont éteints l'un après l'autre, comme ces insectes qui perdent leurs couleurs une fois pris au piège des mains tièdes. Mais celui qui les poursuivait n'était pas le jouet d'une illusion. Nous ne nous trompions pas, quand nous courions ces découvertes. Le Sultan des Milles et une Nuits non plus, qui poursuivait une matière si subtile, que ses belles captives, une à une, s'éteignaient à l'aube dans ses bras, ayant perdu, à peine touchées, l'or de leurs ailes. Nous nous sommes nourris de la magie des sables, d'autres peut-être y creuseront leurs puits de pétrole, et s'enrichiront de leurs marchandises. Mais ils seront venus trop tard. Car les palmeraies interdites, ou la poudre vierge des coquillages, nous ont livré leur part la plus précieuse: elles n'offraient qu'une heure de ferveur, et c'est nous qui l'avons vécue." Terre des hommes , Antoine de Saint-Exupéry.


 

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